Au cœur de la France, il était autrefois une terre sacrée, une contrée bénie des dieux, au centre de laquelle trônait le Mont Dumias: c'était le pays des Arvernes! A travers les âges, cette région, aux paysages envoûtants, est devenue une terre riche d'histoires et de légendes souvent oubliées... Bienvenue!

Thursday 12 September 2013

La source de Maponos


C’est à l’ouest de Clermont-Ferrand que jaillit la source minérale des Roches, entre la bordure calcaire des terrains de Limagne et la coulée de lave issue du petit puy de Dôme.

Très chargée en gaz carbonique, son eau était utilisée, pour traiter des affections telles que les anémies, le rachitisme, les gastro-entérites, l’anorexie ou les ulcères. Le docteur Nivet en fait une analyse chimique en 1845: 


"Lorsque nous l'avons visitée pour la première fois en 1839, elle s'échappait au milieu des jardins, où un creux de quatre à cinq mètres de circonférence recevait ses eaux. Un sédiment ferrugineux peu consistant tapissait les parois de ce bassin. En 1843, une maison a été bâtie au-dessus de cette fontaine." Dr Nivet.

Chamalières, la Source des Roches. Fouille 1970-1971, Monique Dumontet et Anne-Marie Romeuf ©

C'est pendant pendant l’hiver 1968 que l'ancienne buvette est détruite afin de laisser la place a une résidence. Durant les travaux de terrassement, plus de 10 000 fragments de bois sculptés sont alors recueillis. 

Chamalières, la Source des Roches. Fouille 1970-1971, Monique Dumontet et Anne-Marie Romeuf ©

Ces ex-voto sont essentiellement anatomiques représentant des bras, des jambes et divers membres ou organes du corps humain. Ils étaient déposés dans la source afin d’obtenir la guérison d’un mal.Les different objets retrouvés ont permis de dater la frequentation de la source: du Ier siècle de notre ère, plus précisément depuis le règne d’Auguste (-27 avant J.-C. à 14 après J.-C.) jusqu’à celui de Néron (qui s’achève en 69 après J.-C.). À cette date, la fréquentation de la source chute brutalement sans toutefois cesser complètement. Ce sanctuaire est par conséquent le plus ancien connu dans le bassin de Clermont

Une plaque de plomb retrouvée au milieu des ex-votos a permis de determiner la divinité adorée en ces lieux. Le texte gravé est, semble-t-il, un texte maléfique. Il invoque la divinité Maponos, assimilée à la période romaine à Apollon, dieu guerrier, chasseur et guérisseur. Maponos pourrait ainsi être le dieu de la source mais rien n’est certain et le sanctuaire garde encore bien des mystères.


Tablette de plomb rectangulaire et à queue d’aronde large de 58 à 59 mm, haute de 39 à 40 mm, épaisse de 1 mm et pesant 30 gr. - 1970-1971, M. Dumontet et A.M. Romeuf
Aux fils des si
ècles la mare naturelle de la source s'est progressivement comblée. La tourbe ainsi accumulée, a permis de conserver les pollens issus de la végétation proche de la mare: chênes, noisetier révèlent la présence d'un bois sacré autour de la source.

Plus d'info ici.

La source des roches n'a pas fini de faire parler d'elle:

Thursday 5 September 2013

Les souterrains de la montagne bourbonnaise


Souterrain découvert á Charbonnières-les-Vieilles

C'est au XIXe siècle dans la montagne bourbonnaise, que l'on découvre par hasard de nombreux souterrains présentant une configuration similaire.

Les descriptions plus précises proviennent en revanche d’amateurs éclairés du XXe siècle, des médecins, des instituteurs, des hommes d’Eglise. Plus de 34 souterrains annulaires ont été découverts par hasard dans la montagne bourbonnaise, dont 14 pour la seule commune d'Arfeuilles. 
L'utilité de ces structures reste un mystère faute d'études sur le sujet. Mais, plusieurs hypothèses ont été proposées: 
  - Des garde-manger
  - Des tombeaux creusés pour le dépôt d'urnes funéraires
  - Des lieux de cultes
  - Des souterrains permettant de se cacher lors d'attaques du village
Ces souterrains sont quasiment tous creusés selon le même plan: un boyau en forme d'anneau traversé par un boyau droit de 20 à 60 m qui se termine par une sorte de chapelle. On trouve souvent, en bout de galerie, des conduits verticaux de faible diamètre en communication avec l’extérieur, des alcôves adjacentes ou des niches. On accède à ces souterrains par un dénivelé, une pente, parfois par un semblant de marches.

Les entrées naturelles sont toujours murées

Tacite (60 après JC) fait mention de ces souterrains dans son oeuvre - Extrait du livre XVI: "On sait assez que les Germains ne bâtissent point de villes ; ils ne souffrent pas même d'habitations réunies. Leurs demeures sont éparses, isolées, selon qu'une fontaine, un champ, un bocage, ont déterminé leur choix. Leurs villages ne sont pas, comme les nôtres, formés d'édifices contigus : chacun laisse un espace vide autour de sa maison, soit pour prévenir le danger des incendies, soit par ignorance dans l'art de bâtir. Ils n'emploient ni pierres ni tuiles ; ils se servent uniquement de bois brut, sans penser à la décoration ni à l'agrément. Toutefois ils enduisent certaines parties d'une terre fine et luisante, dont les veines nuancées imitent la peinture. Ils se creusent aussi des souterrains, qu'ils chargent en dessus d'une épaisse couche de fumier. C'est là qu'ils se retirent l'hiver, et qu'ils déposent leurs grains. Ils y sentent moins la rigueur du froid ; et, si l'ennemi fait une incursion, il pille les lieux découverts, tandis que cette proie cachée sous la terre reste ignorée de lui, ou le déroute par les recherches mêmes qu'il fait pour la trouver."


Anneau de Guérande (commune d'Arfeuilles)  découvert en 1958, lors d'un labour.

Quoi qu'il en soit, les souterrains annulaires de la Montagne Bourbonnaise sont loin d'avoir livrés tous leurs secrets